Nival
par Luvan
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C’est Malo qui parle.
Théodore est très doué pour lire les nuages. Il a confectionné un outil destiné aux autres que lui, à nous, et permettant de les identifier. C’est un disque qu’on peut imprimer ou recopier soi-même. Au-delà du fait que l’imprimante n’est pas souvent disponible, Théodore préfère la seconde technique. Lorsqu’on recopie, on assimile.
J’ai recopié le disque de Fatou quand j’ai eu dix ans. Théodore m’avait offert des petits pots de peinture. Ils me fascinaient, ces pots. Un moyen de bleu. Deux gros de blanc et de noir. On l’ignore avant de les peindre : il y a presque autant de noir que de blanc dans les nuages. En quantité, le jaune vient juste après. Et puis magenta.
Le disque fonctionne de la manière suivante : on le tourne pour faire défiler les formes de nuages. Lorsqu’on reconnaît celle qu’on a devant les yeux, le nom apparaît en regard, avec l’explication de ce qu’apporte ce nuage. C’est très utile.
Il existe des formes complexes, c’est-à-dire des combinaisons, qu’on peut reconstituer en tournant l’arrière du disque.
Ces dernières années, Théodore a identifié deux nouvelles combinaisons et une forme unique totalement inédite, qu’il a nommé Belledonne car c’est de là qu’il l’a vue pour la première fois. Le latin n’intéresse plus personne, nous a-t-il dit. D’ailleurs, son nom vient du grec.
Mon arrière-grand-mère – on va dire ‘mamie’ c’est plus simple – mon arrière-grand-mère s’énerve quand je lui dis ça, mais pour moi, un nuage de base, c’est jaune. Pour moi, le nuage par défaut, ce qui apparaît dans ma tête quand on me dit « nuage », c’est une chappe continue, un manteau parfaitement uni de jaune sale et lumineux. Mamie me dit « non, vraiment pas, un nuage, c’est fragmenté et moutonneux, avec des cernes grises. Ce que tu décris, c’est une tempête de sable ». Fatou, dont les parents viennent d’un endroit beaucoup plus près du Sahara, m’a confirmé que pas du tout. D’après son père, une tempête de sable ne ressemble pas à ce milan fatigué qui tournoie sur nos têtes, gigantesque et éclaté, mais bien à une vraie tempête, genre du venturi, du binamille ou du hockley. En mille fois pire. En mode martinet énervé, corneilles qui se chipotent, et ça détruit des maisons et ça vous baîllonne la bouche et vos yeux saignent plusieurs semaines après. Quand la tempête de sable arrive chez nous, elle est apaisée, sereine, adulte. Elle flotte, paisible et dorée. Juste : elle encrasse tout, donc pendant un ou deux jours, le monte-charge ne fonctionne plus, la radio ne passe pas, ce genre de choses. Ou peut-être que la radio, c’est à cause des éruptions solaires, je ne sais plus. Bref, rien à voir avec les dégâts occassionnés, par exemple, au Nigéria. Donc désolée mamie, mais le truc jaune qui flotte sur nos têtes, j’appelle ça un nuage, et pas une tempête.
Quand j’étais petit, j’imaginais que la poussière jaune était de l’or et je la tamisais dans le bac à sable, derrière l’ancienne école. Pas avec un vrai tami, avec la passoire que mamie appelle un Chinois pour une raison qui m’échappe. Robert se moquait de moi parce que je tamisais à l’envers. La poussière du Sahara est plus fine donc elle tombe. Apparemment, tamiser de l’or, c’est l’inverse. Mais c’est peut-être lui qui a mal compris. Robert donne toujours l’air de tout savoir alors que franchement, des fois… Mais peu importe, je faisais des petites bouteilles d’or (comprendre : de sable du Sahara) et quand je les offrais à la kermesse, Robert n’était pas le dernier à se servir.
Mamie est attachée à l’ancienne école, pourtant elle habitait en bas « comme tout le monde à mon époque ». Visiblement pas tout le monde puisqu’il y a une « ancienne école », mais bon. Mamie dit souvent « à mon époque ». Je lui ai demandé si elle savait, « à son époque » que c’était son époque et qu’elle allait se terminer. Je lui ai demandé quand était mon époque à moi et si c’était maintenant. Elle n’a pas répondu. Elle s’est resservi une tisane et comme d’habitude, elle a grimacé. Elle n’a plus besoin de le dire maintenant. Quand elle grimace, dans ma tête, j’entends « qu’est-ce que je ne donnerais pas pour un café », parfois suivi de « je m’en veux ». J’espère qu’elle ne me donnerait pas contre son café si ça se mettait à pousser en bas comme le tabac. Et je ne comprends jamais de quoi elle s’excuse.
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C’est Brune qui parle.
Tous les étés, les chiens montent nous voir. Je dis les chiens, mais tous ne transhument pas. Allez savoir combien il en reste en bas. Avec Robert, Fatou et Malo, chaque année, on choisit nos protégé·e·s. Un jeu lancé par Fatou mais je suis la seule à y tenir vraiment. Fatou est trop grande. Robert et Malo se lassent vite. Moi, tous les ans, j’ai la même protégée. C’est une petite chienne curieuse, qui a l’air grande de loin, petite de près. Grande dans le sens où ses proportions sont celles d’un grand chien. Longues jambes fines, museau fin, fine tête, tout de très fin. Elle est adroite, saute haut sans prendre son élan, comme ça, sur place, en poussant sur ses pattes arrière. Elle a la tête noire, le corps moucheté comme une petite vache à lait, pas de queue. Je l’ai appelée Jambes. D’année en année, elle me reconnaît. Pour elle, ça doit être moi sa protégée et pas l’inverse.
Je ne sais pas pourquoi la plupart des chiens sont restés en bas. Quand j’ai posé la question à mamie, elle m’a dit « On n’a gardé que les bergers ». Je comprends. Mais pourquoi les autres n’ont-ils pas suivi le mouvement ? Est-ce qu’au début, on les a chassés de peur des maladies ? Quand les vieilleux parlent des animaux, « maladies » est toujours au pluriel. Exemple type : « À mon époque, les vaches avaient DES maladies ». Quand j’étais petite, j’imaginais tous les animaux comme un réservoir hyperdangereux de virus, et puis Nisrin m’a parlé de la panique des zoonoses et m’a dit que ça ne me concernait pas, que c’était un trauma des vieilleux et qu’il fallait leur laisser leurs traumas, ça les occupait en hiver.
Nisrin aime plaisanter sur les sujets graves.
Bref : est-ce que les autres chiens étaient mieux tout seuls, en bas, sans nous ? Franchement, ça va à l’encontre de ce qu’on dit sur les chiens. Et sur l’en bas.
Donc, tous les étés, quand il fait trop chaud en bas, plein de gens et de bêtes montent, dont Jambes, et je l’adore. C’est une excellente chasseuse. Elle croque même les papillons (en fait, elle les gobe, les recrache et les assomme avec ses pattes, mais à ma connaissance, elle ne fait rien de spécial avec, sauf peut-être de la magie canine). Ce que je préfère, à part quand elle me lèche les mains, c’est quand elle se met en ‘pose de fusil’ ou je ne sais plus comment on appelle ça. Elle lève une patte avant, son moignon de queue est tout tiré à l’horizontale, ses muscles sont tendus. Je l’adore on dirait une danseuse qui serait une statue, ou l’inverse, et ça me donne envie de faire de la gym.
J’ai demandé à mamie pourquoi on n’avait pas gardé aussi les chiens de chasse. Sur le principe, ça aurait été à peu près aussi pratique que les chiens de berger, ou en tout cas complémentaire. Elle m’a juste dit « au départ, on ne pensait pas rester si longtemps en haut ». Ça ne me dit toujours pas pourquoi les chiens sont restés en bas.
Les très vieilleux ont du mal avec les questions, sûrement du fait de leurs traumas (ça ne s’entend pas, mais je les mets aussi au pluriel).
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C’est Esther qui parle.
Je suis mamie. Je suis une enfant du siècle. Née en 2000. 50 ans en 2050. Je devrais être morte. « La montagne, ça conserve », me serine Théodore, qui pourtant n’a que soixante-dix ans. Un jeunot. « Génération pollution », je réplique. Ça le fait rire. Jaune. Parce qu’en l’occurence, pour lui c’est encore pire. Il avait l’âge qu’il ne fallait pas à l’époque des pics les plus aigus de pollution atmosphérique.
C’est Théodore qui a trouvé le nom du village (nival, un adjectif ayant trait à la fonte des neiges, haha, c’était supposé être ironique et poétique, qu’est-ce qu’on rigole) mais c’est moi qui ai choisi son implantation. Il y avait déjà deux-trois chalets d’étape, un jardin d’enfants alpin – expérience des années 2030 se basant sur un exemple allemand – et une station météorologique assez récente un peu plus loin, qui ressemblait à un bunker assorti d’un grand parapluie.
Pourquoi un bunker ? S’attendait-on à recevoir une astéroïde en pleine face ? Des bouts de la première station orbitale pour riches alors en construction ? Je mourrai sans savoir.
Bref, je connaissais les lieux parce que j’avais fait du bénévolat pour l’école alpine. J’enseignais les plantes, tout ça. Pour finir, entre la station météo et le jardin d’enfants, c’est le jardin d’enfants qui s’est avéré le plus utile. En 2050, ce sont les moins de vingt ans qui ont le plus assuré.
J’aimais beaucoup le sentier mentant à la station.
Plus bas dans la vallée, les talus et les chemins se déchaussaient. Je me rappelle ce délitement du monde. Les pierres qui tombent, les glissements de terrain, les avalanches. Une impression de chute perpétuelle, de pulvérisation. C’est à cause de l’oxygène, disait Petra. Ben oui. Bien sûr. Certains minerais s’oxydent en affleurant à la surface une fois la couche meuble raclée par les pluies, les tornades, le vent toujours plus fort, fréquent, étranger.
Les jeunes détestent quand on leur parle de « météo périmée » comme ils disent. Peu leur importe qu’avant, à Noël, il faisait ceci et cela, ou qu’à Pâques on portait tel ou tel vêtement. Et ils ont bien raison.
Longtemps, j’ai envié Petra pour sa discipline. Géologie. Le temps des pierres est plus long. Les pierres donnent l’impression pesante de ne pas souffrir. Mais qu’est-ce qu’elle m’agaçait quand elle m’expliquait la vie ! Je suis biologiste : je sais tout de l’oxydation ! C’est la base, sérieux !
Il faut que j’arrête de dire ‘sérieux’ et ‘wesh’. Malo me dit que ça fait vieilleux. Il se moque constamment de mes tocs de très vieille, n’arrive jamais à placer correctement ‘wesh’ quand il m’imite.
Pourtant, je ris. Rien d’autre à faire. Ici, maintenant, je suis mamie, celle de tout le monde, la doyenne, et pour une raison qui m’échappe, malgré mon appartenance à la génération pollution (plus personne ne dit ‘millenials’, ça, au moins, c’est une bonne chose), mes cellules ne s’oxydent pas aussi vite que celles des autres. Petra est morte raisonnablement à 85 ans. Mes enfants y sont passés avec dignité. Puis Louise, ma petite-fille, descendue en bas et jamais remontée. Accident bête. Résultat, Malo est coincé avec moi et ‘mon époque’.
Sérieux, je ne souhaite ça à personne.
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C’est Malo qui parle.
Le Belledonne a des vrilles descendantes, comme des tire-bouchons qui ont l’air de vouloir s’ancrer dans le sol. Le Belledonne est un nuage très bas, il faut dire. Quand il arrive, on ne voit plus la vallée. Il a quelque chose de triste, de tragique. Quand le Belledonne arrive, on a l’impression qu’il ne partira jamais. On a envie de pleurer. Mais pour finir, il part.
J’ai adoré le dessiner sur le disque d’identification. Déjà à cause de ses couleurs violacées. On n’a pas souvent l’occasion d’utiliser le magenta. Ensuite parce qu’au-dessus des vrilles, il y a comme des volutes ascendantes pointues qui ressemblent à des flammes. Pour bien les peindre, il faut un mouvement particulier du pinceau, qui détend. Je m’y suis repris à plusieurs fois sur le brouillon. Depuis quelques années, on n’utilise plus que des planches comme brouillons, comme ça, si on se rate, au lieu de jeter le papier, on lave le bois et zou.
Mamie a dit « La catastrophe a du bon, quand j’étais petite, je dessinais globalement assez mal ». Je ne vois pas le rapport et je ne comprends pas pourquoi elle parle de catastrophe. Lilly nous a expliqué que ‘catastrophe’, c’est la fin inattendue d’une tragédie ou quelque chose de ce style. Or ce n’était pas inattendu, et puis ce n’est pas une fin puisque ça continue.
Lorsque l’en bas se couvre de nuages – il n’y a pas que le belledonne, il y en a d’autres plus jolis, même sans sable du désert – ou alors de brume, c’est bizarre mais j’ai l’impression de vivre PLUS. Je ne sais pas comment dire ça. C’est le futur. Le haut, ici, pour moi, ça a le goût du reste de ma vie. C’est comme si mamie le sentait aussi. Les très vieilleux sourient quand c’est couvert.
Une fois, avec Fatou, pour leur faire plaisir, on a essayé de peindre l’en bas sur un tissu. Déjà, c’était compliqué de peindre sur du tissu – un drap usé. La peinture s’étale soit trop soit pas assez et ensuite, elle s’imbibe MAIS tout de suite ! Et puis c’est compliqué tout court de dessiner l’en bas, parce qu’il y a plein de détails qu’on voit mal d’en haut. C’est un peu comme dessiner un rocher, genre, le recopier avec toutes les ombres et toutes les bosses et toutes les crevasses.
Du coup, avec Fatou, on a demandé son aide à la bibliothèque.
La bibliothèque, c’est Nisrin, qui n’est ni un homme ni une femme mais une bibliothèque. Elle nous a prêté un dessin précis d’avant, qui s’appelle un plan. Avec des rues, des avenues et des places Bidulechose. Les noms sont écrits tout petit pour rentrer dans les rues, les avenues et les places. De fait, l’ensemble donne plus l’impression d’être un texte qu’un dessin. Un texte bizarrement présenté qui ne raconterait pas grand-chose parce que la plupart des mots ne veulent rien dire.
Le problème du plan, même s’il est très joli et au-delà du fait qu’il soit si compliqué, c’est qu’il ne représente pas ce qu’on voit. En vrai, maintenant, il y a des lacs en plus, des taillis qui crament régulièrement, une savane, presque plus de bâtiments : ils ont servi de carrière pour construire les digues, les chemins, les canaux, les pare-vent… Et puis le fleuve ne passe plus par un seul endroit bien net, mais il forme plein de méandres, de ruisseaux et de canaux qui forment comme des veines.
Nisrin a beau nous dire « en 2050 blabliblablou », pour nous, ce qui importe, c’est la véracité. Et apparemment, il y a un conflit entre la véracité et l’histoire parce que la bibliothèque nous a interdit de corriger le plan. C’est débile, je trouve, de dessiner un plan sur du papier et pas sur du bois. Comment on fait, du coup, pour corriger ?
Parce que la véracité, ça change ! Par exemple, mamie refait son herbier tous les ans !
Donc, avec Fatou, on dessine comme on peut l’en bas, à partir de nos observations et du plan de Nisrin, et on le montre aux très vieilleux pendant la kermesse et la plupart pleurent.
Comme quoi, on croit faire plaisir…
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C’est Fatou qui parle.
Lorsqu’on a montré notre plan-tissu aux très vieilleux, tout le monde s’est mis à parler de responsabilité.
Il y aurait eu des guerres. Il y aurait eu l’habitude. Il y aurait eu, surtout, le système. Le système, j’avoue, je ne comprends pas. Ce serait quelque chose d’établi. Il y aurait eu la dictature de la majorité mais aussi la tyrannie des minorités. Incompréhensible. En tout cas, le système, c’était comme un mûrier aux racines partout et impossible à déraciner. Ce qui le rapprocherait plus de l’oseille sauvage, mais bon. Le système n’existait pas officiellement car on était en démocratie, mais il forçait quand même ‘les gens’ à foncer dans un mur que pourtant ils voyaient.
Parfois, les vieilleux parlent de responsabilité et on en arrive toujours à la même conclusion : c’était le système. Donc pas leur faute. Pourtant, le système, c’était elleux.
Je. Ne. Comprends. Pas.
D’un autre côté, ce n’était pas mon époque. Je crois que mon époque, c’est maintenant. Et je suis contente qu’on n’ait plus de système. Au moins, s’il y a une nouvelle transition avec des morts, Malo, Robert, Brune et moi, on ne sera pas responsables.
Mais bref, pour détendre l’atmosphère, j’ai improvisé une histoire à partir du vieux plan. Pas facile. La plupart des mots sont incompréhensibles ou bien ce sont des noms d’hommes, comme si à l’époque les femmes n’existaient pas encore, comme si elles étaient arrivées après, à cause du changement climatique.
Alors voilà (j’ai souligné les mots qui figurent sur le plan) :
La libération des dauphins, ça me soulage. Il y en a qui hochent la tête de plaisir. Ils nagent dans les eaux claires entre les vallons. Il y en a un, ou plutôt une, qui se penche vers moi, debout sur sa nageoire caudale, et qui me dit :
« Tu sais, avant, il y avait le jardin des plantes et le jardin des humaines. On cultivait les deux. Mais pas de jardin des dauphines parce qu’en vrai, on vient de l’espace.
» L’espace, c’est une sorte de bassin où flottent des planètes, comme la planète moucherote, pleine de mouches, ou l’astéroïde augereau, où vivent des porcs qui ont toujours faim. Je ne peux pas te dire d’où on vient exactement, mais c’est loin.
» À mon époque (je fais comme si la dauphine était très vieille) à mon époque on vivait heureuses là-haut dans les étoiles et puis on a eu un problème à la fois de niveau de l’eau qui monte et des réserves d’eau qui baissent, oui c’est chelou (là j’imite mamie pour que ce soit bien clair que la dauphine est très-très vieille) et l’île verte est devenue une savane puis un désert. On a bien essayé de fabriquer une pompidou très performante, rien à faire. Une pompidou c’est une pompe qui pompe suivant un rythme mélodieux, pidou, pidou, pidou). Bref, on s’est fusillés les bains.
» Donc on est descendues sur terre et pour finir, c’était pareil. Maintenant qu’il n’y a plus de rues avec des noms chelous, donc on est enfin libres de repartir. Adieu. »
Cherchez pas, la logique des très vieille dauphines, c’est un peu comme la logique des rêves.
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C’est Théodore qui parle.
Je me sentais mal. Comme un haruspice qui n’aurait pas su lire les entrailles malgré l’argent dépensé par ses parents pour ses études. Toutes ces entrailles et ces entrailles qu’il a fallu débiter pour que je m’entraîne.
Quand Esther a frappé à la porte – oui, frappé, c’était une journée sans courant, donc la sonnette ne fonctionnait pas, et Rory, le stagiaire irlandais, avait jugé qu’il pleuvait trop pour installer la cloche. Bref, quand Esther a frappé à la porte de la station météorologique, on était rassemblé là, en rond, en tailleur, dans le noir. C’est drôle : maintenant c’est la position de base de toutes les réunions communales, mais à l’époque, ça me semblait incongru, pathétique. Primitif. On venait de prendre connaissance de notre budget famélique, tranché à la machette pour doter la recherche spatiale, comprendre : les stations orbitales.
Qui d’entre nous allait être débauché·e ?
On se sentait mal et on était en rond.
Esther a frappé. J’ai ouvert. Moi, jeune haruspice penaud dont c’était le premier poste, elle professeur respectable de sciences de l’environnement, cheveux déjà gris, peau encore lisse. Dingue. Ça fait plus de cinquante ans et je la trouvais déjà vieille. Je lui ai ouvert à regrets. Je me rappelle avoir pensé Zut, elle nous gâche la fin du monde. Avant elle, rien n’existait que notre dépit. On l’avait « vu venir », c’était ça le pire. On nous avait payé·e·s pour le « voir venir », on avait accompli notre mission avec brio et tout le monde avait applaudi !
Le volcan ici, la guerre là, la pandémie – par définition partout – la révolution encore là-bas, la crise financière tout partout…, pour ça, les gens ont pensé « on ne l’a pas vu venir ! ». C’est faux, bien entendu. Chaque fois, des expertes et des experts l’avaient « vu venir ». Mais leurs prospections avaient été mal, pas ou peu communiquées aux décideureuses. Ou placées d’office très bas sur la liste de leurs priorités.
Mais nous ?
Nous c’était autre chose. On avait communiqué comme des bœufs (je ne crois pas que les bœufs communiquent particulièrement plus qu’une autre espèce animale, c’est juste une expression). Certains groupes ont pris leurs dispositions : habitats souterrains, installation de climatisations plus puissantes, stations orbitales… Des dispositions ayant malheureusement contribué à incliner encore plus la courbe.
Bref, on est là, en rond, puni, et puis Esther toque.
Un rai triangulaire de lumière blanche s’introduit par la porte de notre bunker et soudain, la certitude que l’important n’est pas d’avoir su, mais d’être dans cette pièce, sur ce seuil, en haut, ensemble.
Personne n’allait partir. On allait arrêter de prévoir. On allait réparer, agir, bâtir.
Avant Esther, il pleuvait comme dans les récits bibliques qui parlent de pénurie, d’abondance et de l’alternance des deux. Quand elle est entrée : éclaircie subite.
Alors j’ai essuyé mes mains dégoulinantes d’entrailles.
Réparer, âgir, bâtir.
Lorsque le premier groupe de transhumantes d’en bas, menées par Esther, s’est installé ici, je me rappelle avoir repensé au propriétaire radin de mon logement d’étudiant. Je le prévenais à l’avance d’un dysfonctionnement quelconque, mais il attendait toujours que la pièce ou l’appareil en question cède pour le remplacer. Ça m’horripilait. Pourquoi remplacer plutôt que réparer ? Plus cher, plus long. Entre-temps, des tuyaux pètent slash des gens meurent.
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C’est Esther qui parle.
Si ma vie est une blague à chiffres ronds, cette année est peut-être celle de ma mort. Ce serait beau. Esther ‘dite mamie’, née en bas en 2000, morte en haut en 2100. Pour une doyenne de la montagne, sérieux, c’est stylé.
À mes funérailles, j’aimerais bien qu’on lise cette liste de choses qui m’ont fait bondir le cœur. Vers le haut comme vers le bas, je laisse à votre appréciation.
1- Un bracelet confectionné par Brune avec des gaines électriques évidées qu’elle a trouvées en bas. Elle les a effilées, filetées, d’une finesse ! Et les a tressées ou bien tricotées, je ne sais pas bien. J’ai toujours été nulle en travaux manuels.
2- Sur l’adret, un pan couvert d’arbustes de sauge, qui m’ont rappelé mon voyage à Corfou, lorsque j’avais une vingtaine d’années, pour rendre visite à mon amoureux. J’y étais allée en avion, c’est fou quand j’y pense. Ça sentait bon. Bizarrement, du chèvrefeuille grimpait à leurs branches. Oui, des branches, déjà. J’aurais pu me coucher là et y mourir s’il y avait eu un petit replat horizontal. Mais non. Ma mort ne sentira pas la sauge. Je ne suis pas un rôti.
3- La chasse au dahu de Malo. Il y a cru. Comme les autres. La liste des animaux se réfugiant près de nous lors d’un épisode particulièrement éprouvant de hokley, un chute de pluie torrentielle, un décrochement de glacier, s’allonge. Chaque année, une nouvelle espèce nous rend visite, que les enfants ne connaissaient pas, ou seulement en image. Alors, un dahu, pourquoi pas ? Rien de moins absurde. À mon époque, c’était tout autre chose. Quand ma grand-mère m’avait raconté sa chasse au dahu – heureusement que personne n’a essayé avec moi – je l’avais trouvée tellement ridicule ! On était blasé, sérieux. Genre les animaux bizarres étaient dans les zoos, ceux de la montagne – tout aussi bizarres d’ailleurs – et bien… dans la montagne. À mon époque on avait des chats, des chiens, des chèvres et des vaches. Des loups qu’il fallait tuer mais ça me semblait abstrait, même si j’avais un tee-shirt loup devant pleine lune. Bref. Mon monde était à la fois plus petit et plus grand. Voir revenir Malo de sa chasse au dahu, les yeux fiers et luisants, ça m’a fait drôle. Il m’a dit « Je l’ai vu » en se blotissant dans mes bras comme si c’était grâce à moi. Dans un certain sens, c’est le cas. Foutue culpabilité.
4- Chez Nisrin, j’ai déniché un recueil d’enquêtes de Sherlock Holms. Cette scène : Sherlock Holmes entre avec son arrogance d’homme blanc du XIXème siècle dans une pièce où l’on veille une morte assassinée. L’assistance est convaincue que la cause de la mort est surnaturelle. Un sentiment de soulagement étreint la lectrice : Sherlock Holmes apporte la raison, la science, à cette communauté en détresse. Tout va s’arranger, l’occident impérialiste est là. À l’époque, j’étais déchirée entre cette confiance et son opposé, si j’ose dire : le souhait d’appréhender le monde comme un tout, le regret de ne pas savoir le faire – je n’ai malheureusement pas grandi en Amazonie – et le plus grand scepticisme à l’égard des tentatives tâtonnantes de mes proches. Coincée entre Sherlock Holmes et Starhawk, sans croire en l’aptitude de l’une ni de l’autre à nous préserver d’une série de changements non consentis.
Lire Sherlock Holmes m’a rappelé ce grand-écart insoluble et je me suis rendu compte qu’aujourd’hui, en comparaison, je vais bien. Je suis sereine. Nous sommes un peu Holmes, un peu Starhawk. Ici, à Nival, même si le bas me manque parfois – je ne suis pas assez courageuse pour m’y réimplanter – je suis heureuse.
5- La fontaine aux oiseaux. J’en sème chaque année pour la beauté de les voir s’ériger, tourelles aux paliers épanouis, étages concentriques de petits abreuvoirs vert clair. Voir les oiseaux s’y baigner me tire de petites larmes. En bas, nous avons multiplié les points d’eau, mais l’eau n’est plus venue. Ici, tout se préserve. Nous avons des sources, des réservoirs ovoïdes dans des grottes, des containers en céramique comme de grandes amphores. Nous maintenons, recueillons, recyclons, pompons, buvons. La montagne est notre fontaine.
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C’est Brune qui parle.
Jambes me fait confiance et c’est réciproque. Après la transhumance chienne, la transhumance humaine. À chaque descente, nous sommes plusieurs à les suivre.
Cette fois, Marthe, Laureline et Hayat sont restées en bas. Elles ont élu domincile dans une petite clairière avec plein d’oiseaux et un accès facile à l’eau. Elles avaient descendu de quoi faire un canal ou une dérivation, pas bien compris. La prochaine fois, j’irai les voir.
Moi, j’adore l’en bas, mais je n’ai pas trop envie de rester pour y habiter. Je veux dire : les gens sont adorables, et je suis comme tout le monde, j’aime les cactus, les bambous et les hévéas. Mais je ne sais pas. Trop chaud, trop humide. Pas assez de bouts de ciel entre les branches, les nattes, les lianes, les filets et les toiles. Et puis toutes ces étendues désertiques hyperflippantes…
Donc je suis Jambes à travers les taillis. J’essaie d’être agile et fine. Les sentiers qu’elle prend sont petits. Je dois me baisser, m’accroupir, marcher à quatre pattes. Parfois, Jambes m’attend, parfois non. Alors, les taillis me giflent et m’accrochent. J’ai les joues lacérées. J’aime bien. Quand je rentre de transhumance, quand je remonte, j’ai les joues marquées et je suis fière. Mais ça ne dure pas. Ce ne sont pas des cicatrices, juste des souvenirs.
Un jour, Jambe m’a fait découvrir une maison entièrement enchâssée dans de la végétation serrée. En façade et sur le toit.
Mamie m’a raconté qu’avant de monter, les gens d’en bas avaient ‘végétalisé’ leurs bâtiments. Mais il fallait les irriguer tout le temps, ce qui est parfaitement bête à mon avis. Quand j’ai demandé à mamie pourquoi les gens faisaient ça, elle a haussé les épaules. Nisrin dit toujours qu’il faut se rappeler pour ne pas répéter ses erreurs. Apparemment, mamie s’en contrefiche. Ou alors elle a confiance en nous pour être moins bêtes. Ou elle est tellement vieille qu’elle n’a plus peur de répéter. Mais donc pourquoi végétaliser des maisons ?
Est-ce que les gens les trouvaient trop moches ? Auquel cas, pourquoi les construire à la base ? Pourquoi ne pas utiliser d’office des matières végétales, comme on fait au village ?
Est-ce que les gens ont voulu préparer l’en bas qu’on voit maintenant ? Avec tous ces arbres, ces taillis, cette savane, ces marais. Mais ça aussi, c’est bizarre ! Parce qu’au final, ce sont les plantes des serres tropicales, et pas du tout celles des toits et des façades, qui poussent partout.
Celleux de l’en bas démantèlent comme des forcené·e·s le bitume des routes, raclent et raclent, pour laisser passer la nouvelle forêt, pour qu’il fasse moins chaud. C’est pour les aider que la petite-fille de mamie est descendue, et jamais remontée. Terrible. Je déteste l’histoire de son accident.
Bref donc je suis Jambes dans un chemin creux tout serré et on arrive à une trappe. On entre. Je ne sais pas trop où on est. Dedans, il y a une fennec et ses quatre jeunes. Plus beau jour de ma vie.
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C’est Fatou qui parle.
Difficile de comparer le voyage et la transhumance.
La première différence, c’est que les gens du haut retournent en bas. Certains y restent pour toujours. On appelle ça « se réimplanter ».
Les gens du bas visitent rarement le haut et s’y installent encore moins. Telle famille a le vertige c’est génétique. Telle communauté a peur d’être mal accueillie – tous les villages ne sont pas aussi inclusifs que Nival. Telle personne a ‘ses habitudes’.
Donc la transhumance consiste à descendre puis à remonter, le voyage, non.
Mon grand-père dit toujours qu’il aimerait retourner au Nigéria, mais il ne le fait jamais. À mon avis, il dit juste ça pour embêter ma mère, qui adore la montagne et qui aimait déjà beaucoup l’en bas.
Par où commencer ?
Je suis née en bas, dans l’oasis.
Les ruines sont éparses. À l’époque (‘à l’époque’, ça veut dire il y a cinquante ans), à l’époque presque tous les bâtiments ont été démontés, soit pour bâtir les villages de l’en haut, soit parce qu’ils étaient trop chauds. Acier, fer, bambou, parpaings, l’ensemble des appareils désossés. Engrenages, rivets, pièces mécaniques dont je ne connais pas le nom. Tout ça posé à plat, par terre, puis réaffecté. J’ai vu les photos chez Nisrin, c’est très beau. Avant, après.
Avant, un cube bien lisse, dont on ne voit pas les entrailles. Après, une armée de fragments aux formes variées, disposés les uns à côté des autres, avec minutie, espacés à distance régulière. Par exemple, la première photo que j’ai vue, c’était un moteur d’ascenseur. Les poids servent toujours, m’a expliqué Nisrin, dans le monte-charge du village. Iel a ensuite sorti d’un classeur noir la photo d’une anthropologue posant à côté d’un squelette éclaté-reconstitué. Une armé d’os étalés disposés les uns à côté des autres sur le sable, avec minutie, espacés à distance régulière.
C’est vrai que ça ressemble.
J’ai demandé à Nisrin de me montrer une photo du Nigéria il y a cinquante ans, mais elle n’en avait pas. Apparemment, on n’a pas beaucoup de photos de l’époque. Une histoire de nuage ou je ne sais pas quoi.
À la place, iel a sorti un très vieux tirage de l’oasis, où je suis née. Un des endroits d’où est partie la forêt d’en bas. Un cliché en noir, blanc et gris datant du tout début du vingtième siècle. Ça ne s’appelait pas l’oasis mais le museum exotique ou quelque chose de semblable. Les arbres poussaient sous du verre tenu par des arcs d’acier. Tout a été désossé depuis, bien sûr. En bas, rien ne pousse sous du verre, c’est stupide.
Les plantes étaient assez petites en comparaison avec maintenant. Des dames en chapeau y déambulent sans sourire, sans savoir que je naîtrais un jour sous un oreille d’éléphant plantureux.
Mon père y a mis une marque. Si Brune daigne quitter sa chienne une minute, à la prochaine transhumance je l’y emmènerai.
Régulièrement, des gens d’Afrique voyagent jusqu’à l’oasis. Certaines y restent, comme Saouda, que je vais voir tous les ans. D’autres montent.
Ni moi ni Saouda n’avons voyagé, mais on le sait en regardant les yeux des vieilleux lorsqu’ils en parlent : le voyage et la transhumance, c’est presque pareil et ça n’a rien à voir.
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C’est Théodore qui parle.
Parfois, le soir, après une journée de travaux collectifs (une digue, un enclos, un toit, les vendanges…) se produisent ce que j’appelle des concours de pureté. La question n’est pas tant de savoir qui a fait quoi pour la transition climatique que comment on s’est comporté pendant la première transhumance. On dira de certaines personnes qu’elles sont restées humaines, sans que personne ne sache exactement ce que revêt ce vocable. On pourra, au choix, y mettre Robinson ou sainte Thérèse (pas la mystique, l’autre).
Robinson : rester humain, c’est continuer de compter les jours de la semaine, malgré l’adversité, et du coup savoir, lorsqu’on rencontre un autre homme, qu’il faut le nommer ‘vendredi’ avant de le soumettre en esclavage.
Sainte Thérèse : rester humaine, c’est devenir très maigre pour que d’autres grossissent et ne pas oublier de sourire.
Tout et son contraire. L’accaparation et l’abnégation. La transmission jalouse et le partage immédiat.
Ces soirs-là donc, dans la fatigue et le vin de groseilles ou de raisin (le génépi se fait rare), tout est fouillis. Et je suis bien content de ne pas être philosophe pour ne pas devoir ranger les mots.
Globalement, ce qu’on peut retenir, c’est que les très vieilleux comme Esther s’en veulent. Pourtant, ce sont les générations précédentes qui ont été des gestionnaires spectaculairement mauvaises.
Les juste vielleux, comme moi, on est fiers.
Fiers d’avoir bâti les villages de montagne, formes les plus résilientes de groupement humain, fiers d’avoir établi la permaculture, la polyculture, revu l’éducation, l’architecture (beaucoup de formes rondes, blanches, douces et sociables), collectivisé la plupart des savoirs – en premier lieu desquels la médecine, rendu horizontal tout ce qui demeurait de vertical dans nos rapports, posé les bases du respect mutuel et achevé d’abolir les privilèges kyriarchiques (depuis la nuit du 4 juin 1789, il était quand même temps).
Nous, les vieilleux de Nival, on se lave les mains des autres villages patriarcaux, fascistes et racistes, comme si on n’avait pas notre part de responsabilité. On se lave les mains de l’en bas. Et on se tape sur l’épaule en mode : vieilleux, franchement, bon boulot.
On est fier et c’est un poids pour les jeunes, qui n’ont rien fait d’héroïque pendant la transition, qui sont pur·e·s par notre entremise. Sans mérite.
Le soir, quand tout ce petit monde s’endort dans nos bras, je me demande à quoi ressemblerait cette génération si nous n’avions pas réparé, agi, bâti. Si tout avait continué comme avant. La question est théorique, bien entendu. Tou n’aurait pas pu continuer comme avant. Nous aurions pu nous adapter plus tard, auquel cas… auquel cas je préfère ne pas y penser.
Ou bien plus tôt.
Ne serait-ce que trente ans plus tôt.
Ne pas attendre que les tuyaux pètent.
Rester en bas, peut-être ?
Qui sait ?
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C’est Nisrin qui parle.
Je suis trop jeune pour être une mémoire. Je préfère dire que je suis une bibliothèque.
J’ai collecté ces témoignages à la dernière kermesse. Pour qu’ils nous servent. J’ignore de quelle manière.
Il en manque tant.
Les escapades de Brune et de Fatou dans la forêt brûlée. Les bricolages hydrophoniques de Malo. La poésie de Fatou. L’intelligence expectionnelle de Brune avec les bêtes, la sorte de Yodl qu’elle a mis au point. L’herbier ‘variable’ d’Esther, qui nous sert désormais de calendrier. L’aventure de Théodore sur les berges de L’Isère. La résilience de l’oasis face aux vagues de chaleur. Les échanges de plus en plus riches entre le haut et le bas. La fois où on a remis en service la grande cloche qui fait tintamarrer la vallée, la foire aux semailles de février, le jour où nous avons accueilli à Nival cette famille originaire de Grenoble et redescendue d’une station orbitale. Comme ces enfants étaient livides, sociables, peu souples et doués en maths ! Quand le gibier a eu la lèpre blanche, les larmes inattendues de Robert. Quand on a cessé des compter les jours. Quand on s’est remis à compter les jours. Quand la radio a fonctionné de nouveau. L’annulation officielle des frontières étatiques : les plus jeunes n’ont rien compris, Brune pensait que « italien » voulait dire « à côté ». La première fois que les chiens sont venus nous voir, puis l’année où on a compris qu’ils venaient nous chercher.
Le reste de ces témoignages, je vous demande de les imaginer et, surtout, d’apporter les vôtres à la prochaine kermesse.
En attendant, vivez !
Il n’est pas bon de s’attarder sur les choses du passé. L’important, c’est de préparer l’avenir. Et c’est votre bibliothèque qui vous le dit !
À Nival, le 21 décembre 2100,
Nisrin, bibliothèque.
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